Perspectives pour le troisième trimestre: le système actuel est incapable de guérir les cicatrices du coronavirus
Par Hans Stegeman, Head Research & Investment Strategy, et Joeri de Wilde, Investment Strategist, chez Triodos Investment Management
L’ampleur estimée de la récession de cette année a augmenté avec chaque nouvelle prévision. Des mesures de confinement sévères ont été mises en place plus longtemps que prévu initialement et le nombre de cas du COVID-19, ou coronavirus, est toujours en hausse. Bien que le déconfinement partiel de la plupart des grandes économies signifie probablement que le creux mondial de l'activité économique est derrière nous, la reprise sera lente et incomplète, laissant des cicatrices permanentes.
Cela contraste fortement avec le retour à la hausse prolongé des marchés financiers depuis la fin mars, qui suggère que l'économie mondiale se dirige vers une reprise en douceur et en forme de V. Nous prévoyons toujours que les mesures monétaires exceptionnelles, qui ont gonflé les prix des actifs, vont s'essouffler et que les injections monétaires finiront par se tarir, obligeant les investisseurs à faire face à la réalité. En attendant, nous espérons que les responsables de la politique budgétaire, en particulier en Europe, renforceront leur programme de politique économique afin de créer un système économique plus durable.
Dans notre scénario de base pour 2020, nous prévoyons une contraction de l'économie mondiale de 5,3 %. Nous prévoyons que la récurrence de confinements locaux et une incertitude persistante freineront la reprise économique.
Notre scénario alternatif, plus pessimiste, prévoit une contraction de l'économie mondiale de 7,2 % pour 2020. Dans ce scénario, nous supposons un retour aux flambées du virus à grande échelle à partir de l'automne 2020.
Dans les deux scénarios, la pandémie du coronavirus cause des dommages économiques que notre système économique actuel sera incapable de guérir, laissant des cicatrices permanentes. Une réinitialisation fondamentale de notre économie est donc nécessaire pour rendre le système plus résistant et plus durable.
Une reprise économique rapide et complète, telle qu'elle est attendue par les marchés financiers, est peu probable, malgré les mesures de relance budgétaires et monétaires sans précédent. Les indicateurs macroéconomiques et les bénéfices des entreprises s'amélioreront sensiblement par rapport à leur niveau le plus bas, mais il n'y aura pas d'effets de rattrapage, ce qui implique une perte de production permanente pour l'économie mondiale. L'écart croissant entre les marchés financiers et l'économie réelle conduira finalement à une sorte de retour à la réalité, bien que la situation actuelle puisse perdurer pendant un certain temps.
Positionnement prudent
La pandémie a déclenché une perturbation massive de l'économie mondiale. Les rendements des obligations souveraines considérées comme sûres restent proches de leur plus bas historique. Par conséquent, leur potentiel de rendement est faible. En même temps, les rendements des obligations d'entreprises ont baissé au dernier trimestre après avoir fortement augmenté en mars. Toutefois, les obligations d'entreprises investment grade et high yield sont toujours supérieures à leurs niveaux pré-crise, rendant leur valorisation relativement attrayante par rapport aux obligations souveraines. En outre, les obligations d'entreprises sont susceptibles de bénéficier de mesures politiques visant à améliorer liquidité et solvabilité. C'est pourquoi nous augmentons légèrement notre exposition aux obligations d'entreprises investment grade. Nous préférons des noms de grande qualité car l'effondrement de l'activité économique entraîne une augmentation des rétrogradations. Dans l'ensemble, nous restons globalement neutres dans notre allocation de titres à revenu fixe.
Nous restons prudents concernant les actions et ne courons pas après la reprise. Les valorisations des actions ont de nouveau augmenté en raison du fort rebond des marchés. Le marché américain des actions continue d'être cher selon diverses mesures, à la fois par rapport à d'autres régions et d’une perspective historique. Les marchés européens et asiatiques, y compris le Japon, semblent bon marché par rapport aux États-Unis. Les estimations de bénéfices ont baissé, mais les attentes actuelles sont encore relativement élevées. Des surprises négatives en termes de bénéfices sont à prévoir, auquel cas une baisse des cours et des valorisations des actions serait tout à fait justifiée. L'évolution actuelle des cours des actions semble trop importante et trop précoce. Les valorisations actuelles ne reflètent pas correctement les fondamentaux sous-jacents, tandis qu'on ne peut pas supposer que les banques centrales continueront à soutenir indéfiniment les prix des actifs. Nous restons donc sous-pondérés en actions.
Lire le texte complet dans Q3 Outlook - Current system unable to heal coronavirus scars.

Serge Vanbockryck